Parlant du bonheur, il faut dire que les apparences sont souvent trompeuses. Il ne suffit pas de vivre dans une belle maison ou de rouler dans une voiture pour être heureux. Et c’est justement le cas de docteur Gabriel Messan Agbéyomé KODJO.
Quand on parle de l’homme, on cite pêlemêle les postes de responsabilité qu’il a occupés en tant que ministre de l’Intérieur, président de l’Assemblée nationale, Premier ministre, Directeur Général du Port de Lomé etc., et on oublie facilement l’homme qui a versé d’abondantes larmes à la Conférence nationale, l’homme qui a été rejeté par son propre parti et traité de surmené par son mentor, le président Eyadema. On oublie l’homme qui a souvent été pris pour responsable des tueries d’innocents à Fréau Jardin alors que rien n’est moins sûr.
Accusé de détournement de fonds publics et incarcéré, accusé d’incendies de marchés, le même Agbéyomé. On oublie l’homme qui souffrait de sa déchéance au sein du parti au pouvoir qui ne voulait plus le sentir, à cause de ses idées réformatrices et ses ambitions présidentielles ; on oublie son exil, on oublie sa fille qui aurait été violée, on oublie l’homme qui a été attaqué de toutes parts, y compris par ses pairs de l’opposition, on oublie cet Agbéyomé amaigri, marqué par la maladie mais qui est resté digne et égal à lui-même jusqu’à la fin, n’ayant jamais baissé les bras ni courbé l’échine.
S’il était resté dans le parti au pouvoir, on l’aurait traité de minable cacique qui profite du pays. Ayant eu le courage de critiquer le régime, on l’a traité de dangereux transfuge et de taupe. Sa dernière et ultime bataille, celle qu’il espérait remporter pour être président de la République lui a été fatale, l’ayant plongé dans les affres de l’exil forcé, malgré sa santé devenue fragile.
Agbéyomé aura tout essayé, mais son sort était déjà scellé. Il est mort la tête haute, c’est l’essentiel. Et s’il est vrai que nous devons expier pour nos péchés avant d’aller au paradis, cet homme l’a déjà fait et se trouve sûrement dans la félicité.
Adieu Président. Repose en paix et…n’oublie pas d’aider le peuple togolais si cela t’est possible depuis là où tu es.
N’djo
