Edito – Au commencement était la parole mais la parole est refusée au Togo

par SIKAA JOURNAL

Dialogue, pourparlers, concertations, discussions, assises…sont autant de mots qui reviennent partout où il s’agit d’amener les êtres humains à vivre en paix, les uns avec les autres. Même au sein d’un couple, la plus petite entité sociale, on conseille toujours de parler pour s’entendre.

Or dans le Togo d’aujourd’hui, depuis quelques années, il semble que parler est la chose la plus déconseillée. Non seulement le chef suprême ne parle pas et s’en glorifie (miatô migna bé gném pona noupo sougbô !), mais tout son entourage a appris à suivre son exemple. Pire encore, tout ce beau monde qui a les manettes du pouvoir s’évertue à interdire aux citoyens aussi de parler. Dites quelque chose à vos amis ou sur les réseaux sociaux et votre compte est bon. Les tiktokeurs, whatsappeurs et bavards de toutes sortes sont en prison ou en exil, craignant de revenir au pays pour finir dans les geôles.

Même les journalistes, ces gens dont le métier est de parler, travaillent de plus en plus avec la peur au ventre, s’autocensurant pour ne pas subir la foudre. Et quand les médias officiels parlent, cela crève les yeux que c’est surtout pour inculquer des choses dans la tête des citoyens (une sorte de lavage de cerveau !). Ce n’est d’ailleurs pas étonnant qu’ils aient supprimé ou dilué les émissions-débats qui faisaient jadis leur fierté comme Le Plateau de la Semaine sur la TVT.

Mais jusqu’à quand la loi du silence et de l’omerta pourra-t-elle fonctionner, alors que la seule façon d’empêcher les situations de pourrir, c’est d’en parler?

Pour s’informer sur le Togo aujourd’hui, il faut capter les chaînes internationales, avec ce qu’elles trainent comme dangers de manipulation. Si ce n’est pas les chaines internationales, alors il faut chercher sur Tiktok ou Facebook les vidéos réalisées par des leaders d’opinion togolais en exil forcé. Si le Journaliste Ferdinand Ayité est devenu si populaire, c’est pour cause. Ce n’est pas fini, ces derniers temps, on commence à retrouver sur les réseaux sociaux des informations données par les pires ennemis de notre pays que sont les terroristes, ces gens qui massacrent sans vergogne.   

La nature a horreur du vide, et le vide communicationnel créé par la répression que pratique le gouvernement est automatiquement rempli les amateurs, les djihadistes et autres. Il est évident que la politique du Grand Silence qu’on veut imposée au peuple est vouée à l’échec et va pousser le pays, sans coup férir, vers la confusion; une confusion qui ne peut profiter qu’à ceux qui cherchent à déstabiliser notre société. Il est presque tard mais il n’est pas trop tard pour redresser la barre. Il ne tient qu’à nous d’avoir le courage de dire un Non ferme à ceux qui instaurent le silence et en profitent pour avoir divers avantages au mépris des intérêts du peuple. Et si le chef de l’Etat le veut, la tâche sera plutôt facile.

N’djo  

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