Quand on voit l’évolution du Togo, il semble que la peur de parler est en train de s’emparer des hommes et des femmes, dans tous les compartiments de la société. Même les journalistes, ces gens supposés protégés par un code la presse dépénalisée se retrouvent régulièrement en prison et préfèrent finalement s’autocensurer. Les tikTokeurs et autres influenceurs ne sont pas épargnés. Le clou, c’est quand des enfants se retrouvent derrière les barreaux pour avoir osé parler, comme récemment ces deux jeunes élèves et apprentis qui ont commis le péché de critiquer le chef de l’État sur les réseaux sociaux. La peur est montée d’un cran et est de mise. Personne n’est à l’abri.
S’il était dit que la peur est un facteur de progrès social, le Togo serait en droit de se frotter les mains en ce moment. Seulement, ce n’est pas le cas ; au contraire, la peur inhibe l’énergie des personnes et des communautés, paralysant ainsi le pays. Pour évoluer, il faut être libre et oser. Oser fabriquer des appareils volants et monter à bord pour essai, oser parler de nouvelles idées innovantes ou même révolutionnaires, oser se porter volontaire pour aller défendre son pays face à l’agresseur, tout simplement, oser oser.
Mais par le fait de la politique, le Togolais n’ose plus. Il préfère se mettre en sécurité et profiter des autres. Il a peur de perdre ses privilèges, il a peur d’être dénoncer, il a peur d’aller en prison, il a peur, il a peur, il a peur !
Si les dirigeants d’autres pays ne transforment pas leurs peuples en bandes de peureux, ce n’est pas parce qu’ils ne le peuvent pas, mais c’est parce qu’ils ne le veulent pas. Leurs sôdja sont également costauds, ils ont des armes, ils ont les renseignements, ils ont des prisons etc., mais ils n’ont simplement pas opté pour tirer sur la foule, escalader les murs pour pourchasser les manifestants, emprisonner pour un Oui ou Non…
On pense à ce monsieur, cordonnier de son état, qui s’est dernièrement fait proprement tabasser à Kara par des militaires qui ont prétendu qu’il les avait filmés avec son portable alors que le contrôle de l’appareil a montré après qu’il n’en était rien.
C’est une évidence, la peur est incompatible avec le développement. Et c’est pourquoi plusieurs pays dans le monde (même des pays comme la Chine et la Russie !) ont choisi d’ériger un Etat de droit basé sur des lois justes et équitablement appliquées, lois auxquelles tous les citoyens se soumettent et se sentent en sécurité, libèrent leur énergie créatrice et cultivent de l’amour pour leur pays. Rien à voir avec nos lois à plusieurs vitesses, manipulables à volonté par une classe dirigeante qui n’a trop souvent qu’une seule grande ambition : régner et s’enrichir.
La peur détruit, la peur handicape, la peur rend maladroit, la peur pousse à poser des actes cruels, la peur est mauvaise conseillère. Comme il n’est pas encore trop tard, détournons-nous de ce chemin que nous avons emprunté pour retrouver un peuple courageux qui marche la tête haute, en paix avec lui-même et ses dirigeants, un peuple fier.
N’djo
