Les Togolais esclaves dans leur propre pays

par SIKAA JOURNAL

Le spectacle choque quand on voit nos jeunes hommes et filles plier sous le poids des colis qu’ils transportent péniblement sur la tête.

Pendant ce temps, les patrons (souvent des Yovos ou Agoudan-Yovos ou même des Awuissatô), stylo ou téléphone à la main, supervisent le travail en donnant des injonctions.
Au Togo, on a de plus en plus le sentiment que les politiques laissent les étrangers porter atteinte à notre dignité. Refuser à une nation d’être fière, c’est lui refuser le courage, l’intelligence et le pouvoir d’agir sur son destin.
Qui dans ce pays n’est pas heureux d’accueillir des gens venus d’un autre coin du monde pour apporter des opportunités? D’ailleurs, les autorités le disent si bien: il faut faire du Togo un hub économique, logistique, touristique etc. Dans le concret, on voudrait que le pays attire un grand nombre d’investisseurs, d’entrepreneurs et d’initiatives internationales pour booster l’économie. C’est intéressant et salutaire! Mais quelle valeur prévoyons-nous que les Togolais aient dans cette aventure avec les étrangers?

Pendant que certains disent qu’un pays ne peut que vouloir le meilleur pour ses habitants, d’autres pensent qu’il vaut mieux regarder la réalité en face. Ils expliquent que dans bon nombre d’entreprises dirigées par les étrangers, les Togolais vivent des situations humiliantes. On pourrait penser que ces gens sont excessifs, si on n’a pas vu les plaies ouvertes et les vilaines cicatrices sur le corps des ouvriers, si on ne connait pas les insultes proférées contre eux, si on n’est pas témoin des violences exercées sur les femmes, si on n’a pas vu le salaire injuste et misérable qu’ils perçoivent, si on n’a pas enquêté sur les horaires de travail, si on n’a pas compté les licenciements abusifs. Bref, quand on est au courant des faits, on ne peut qu’être en colère.

Comment est-ce possible que dans notre propre pays, des étrangers puissent nous maltraiter et nous traiter comme des sous-hommes? Quelle image avons-nous, si nous sommes obligés de continuer à nous rendre à un travail humiliant, pour un maigre salaire, alors que les patrons gagnent des millions? Quel respect les étrangers peuvent-ils encore accorder à nos autorités, à nos lois, à notre pays, s’ils peuvent agir comme bon leur semble?


Si les étrangers font leurs affaires et gagnent, pourquoi les employés ne devraient-ils pas être protégés par la loi et gagner leur juste part d’argent et de dignité, eux aussi?

La question restera posées, tant que le gouvernement ne fera pas en sorte que les opérateurs économiques nationaux soient privilégiés et soutenus, et tant qu’un pan trop grand des secteurs stratégiques de l’économie du pays ira dans les mains des expatriés.

John

Related Posts