MÊME UNIR N’EST PAS CONTENTE

par SIKAA JOURNAL

A voir les taux de participation très élevés et à voir les victoires partout écrasantes du parti UNIR, un observateur peu perspicace et ne vivant pas au Togo serait persuadé que dans ce pays, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il penserait que le peuple togolais est uni derrière un régime qui se préoccupe de son bonheur. Mais hélas, la réalité est différente.

Les Togolais auraient aimé voter et se retrouver devant une classe dirigeante diversifiée où les opinions sont plurielles. Etant dans une pauvreté sévère, très peu nombreux sont ceux d’entre eux qui voudraient que le pays continue d’être dirigé par un parti qui soit le seul qui décide de tout, pour tous. « Je croyais que les gens qui soutiennent l’opposition iraient aussi voter pour leurs candidats. Si j’avais su qu’ils n’iraient pas voter, je n’aurais pas voté UNIR », nous a confié un militant du parti au pouvoir.

Régnant en maîtres absolus depuis quelques années, au lieu de voir en ces élections une occasion de partager et donc de stabilité, les tenants du régime y ont plutôt vu une occasion de battre, de laminer, d’anéantir. Des grands ténors jusqu’aux plus petits militants, ils ont mis en branle depuis environ 6 ans, un véritable rouleau compresseur qui a souvent fonctionné en marge de la légalité, ou du moins en marge de la légitimité, de la morale et de l’éthique.

Finalement, aucune des choses qu’on aurait aimé voir n’a été au rendez-vous. On n’a pas vu plusieurs personnages de la politique s’exprimer. L’exil forcé a eu raison d’eux, comme Kodjo Agbeyomé, Monseigneur Kpodzro, Atchadam Tikpi, même si ce dernier est toujours vivant… ou bien ils sont en prison comme Jean-Paul Omolou. On n’a pas vu de grands débats intéressants nous expliquant les enjeux. Après la longue incertitude sur la date des élections, tout a été brusquement fait dans la précipitation et au pas de charge, comme si on était dans une caserne militaire. On n’a pas vu, ni dans la presse, ni dans les salles, ni au quartier général des partis, les explications et exposés exhaustifs dont la population avait besoin pour se faire une idée sur la situation sociopolitique du pays et les perspectives d’avenir. A cause du manque de moyens, on n’a pas vu non plus les candidats battre réellement campagne, à part ceux de l’UNIR. Même la petite cagnotte de 600 millions de francs CFA qui a été octroyée à tous les partis, associations et candidats indépendants n’a été mise à disposition que tardivement, en fin de campagne.

Nous ne risquons pas de nous tromper : le rêve des Togolais reste intact et irréalisé. Même les partisans et militants les plus farouches de l’UNIR continuent à nourrir plus que jamais l’espoir d’un Togo réconcilié avec lui-même et ses dirigeants ; le rêve d’un Etat qui sache partager le pouvoir, les richesses et le bien-être. Ils nourrissent l’espoir d’une administration moins corrompue, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Ils nourrissent l’espoir d’un pays où règne la paix, et non la peur. Ensemble, nous y arriverons, même si les quelques centaines d’individus pilleurs et fossoyeurs de la nation cherchent à s’y opposer pour garder les privilèges économiques et financiers démesurés qu’ils ont accaparés.  N’djo  

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