La migration est un acte aussi ancien que l’humanité elle-même. Les hommes ont toujours parcouru le monde, à la recherche d’une vie meilleure. Ce désir de déplacement, d’exploration, de découverte ou de survie, fait partie de la condition humaine.
Les Européens ont quitté leurs terres pour s’installer en Amérique, en Australie, en Afrique du Sud, où ils sont devenus Canadiens, Américains, Australiens ou Afrikaners. Les peuples juifs ont établi des communautés aux quatre coins du monde. Les Mina ont migré du Ghana vers Aného, les Kabyè sont venus du Tchad pour s’installer au nord du Togo, les Ewé et les Ifè sont venus du Nigeria. En migrant, ces peuples ne cherchaient pas seulement à survivre mais à s’épanouir. Alors, pourquoi blâmer aujourd’hui les Africains qui cherchent à franchir la Méditerranée, au péril de leurs vies, pour rejoindre Lampedusa ou d’autres portes d’entrée vers l’Europe ? Pourquoi tant de critiques, alors que ces jeunes en quête d’un mieux-être ne font que reproduire l’acte humain et naturel qu’est celui de la migration ?
La fuite des peuples vers l’inconnu a toujours été liée à des risques énormes. Ils ont péri en mer, dans le désert, dans les jungles, les montagnes. Reprocher aux Africains d’aller mourir en mer est donc injuste. Ce n’est pas l’inconscience qui les pousse vers cet acte dangereux, mais la recherche d’une vie meilleure, cet instinct qui dépasse de loin l’instinct de la peur de mourir. En plus, peut-on raisonnablement demander aux jeunes de rester figés dans des réalités étouffantes où seuls les riches ou ceux qui sont proches des autorités au pouvoir ont une belle vie ?
Au lieu de vouloir les persuader de rester, demandons plutôt à ces gens d’être plus intelligents et mieux équipés pour préserver leurs vies au cours de ces aventures. Tous autres conseils que nous leur donnerions pour les dissuader ne serviraient à rien, on le voit !
N’djo