Togo – Baisse du taux de réussite au BEPC : Et si on parlait des causes?

par SIKAA JOURNAL

L’année académique 2023-2024 finit et les apprenants font face aux résultats après les différents examens. Le très faible taux de réussite au Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC) suscite particulièrement des questions. En 2023, la réussite s’élevait à 81% contre 48,18% cette année. Quelles peuvent être les raisons de cet échec massif?

Outre les habituelles mauvaises conditions de travail toujours décriées que sont le manque de matériels didactiques, les classes bondées, les enseignants mal formés et maîtrisant mal l’Approche par Compétences (APC) lors de l’enseignement et lors des corrections, on peut ajouter cette année l’impact des inondations qui ont perturbé le fonctionnement des écoles, compromettant la régularité des cours et créant un environnement peu propice à l’apprentissage.

Soit c’est l’enseignant qui a l’eau chez lui ou c’est l’élève. Soit l’eau a inondé la route, soit elle a inondé l’école elle-même. Dans tous les cas, la sérénité n’était pas de mise. Les coupures d’électricité incessantes et intempestives ont également contribué aux difficultés, perturbant énormément et quotidiennement les activités des élèves.

Il semble qu’il faut également ajouter le choix inadéquat des sujets d’examen. Elèves et enseignants ont signalé à cet effet que certains sujets ne correspondaient pas à ce qui a été enseigné en classe, surtout pour la mathématique et le français.

Le contexte politique très instable n’a rien arrangé. Les élections législatives et régionales, en plus du changement constitutionnel mouvementé ont créé une atmosphère d’incertitude qui a eu un impact considérable, n’en déplaise à ceux qui pensent que les jeunes ne se préoccupent plus de la politique. Les facteurs sus-cités ont participé à une perturbation généralisée qui a entravé la préparation et la concentration des élèves.

La baisse des réussites au BEPC 2024 est une convergence de facteurs et ne saurait être considérée comme la résultante d’un travail d’élèves de plus en plus tarés ou paresseux.

Les conséquences de ces échecs ne devraient pas être banalisées, surtout la gestion du nombre pléthorique d’élèves qui seront dans les salles de classes de 3ème l’année prochaine, étant donné que 56% des élèves vont rester dans la classe et plusieurs nouveaux montant de la 4ème viendront s’ajouter à eux.

Pour désengorger les classes, on sera sûrement obligé de faire réussir en masse les élèves au BEPC l’année prochaine. Ces enfants seront donc moins bien instruits, avec des lacunes importantes. Ils travailleront dans quelques années, certains seront dans le secteur éducatif et formeront (avec leurs lacunes !), d’autres enfants lacunaires. C’est un cercle vicieux, un piège sans fin, un drame que nous sommes en train de banaliser mais qui va avoir des impacts graves sur le pays.

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